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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/25

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la gardienne du phare

Il était impossible de dormir. Claire s’habilla et se rendit à la bibliothèque, où elle essaya de passer le temps en lisant et en prenant des notes jusqu’à l’heure du déjeûner. Occupée à lire, elle s’arrêta soudain, écoutant le grand silence de la maison, dans une accalmie de l’orage : ce silence devint en quelque sorte oppressant, comme le silence de la mort.

Un peu après huit heures, Zénaïde vint apporter, sur un cabaret, le déjeûner de Claire. Mais, c’est une bien pâle Zénaïde que la jeune secrétaire aperçut, pâle et défaite, à un tel point que Claire lui demanda :

« Êtes-vous malade, Zénaïde ? »

— « Non, Mademoiselle, » répondit Zénaïde, « je n’ai pas dormi, voilà ! »

Tout en répondant à Claire, Zénaïde regardait par terre, comme si elle eut voulu éviter le regard de la jeune fille. Elle sortit enfin, puis elle revint :

« Mademoiselle d’Ivery », dit-elle, « Azurine est une méchante vieille femme !!! »

Claire ne put s’empêcher de sourire.

— « Vous me l’avez dit déjà, Zénaïde… Ne vous occupez pas d’elle ; faites votre devoir et allez droit votre chemin. »

Zénaïde jeta un regard sur Claire et sortit de la bibliothèque, pour n’y plus revenir, cette fois.

Claire, un livre ouvert à côté de son assiette, déjeûna, puis, comme il ne pouvait être question de sortir par un temps pareil, elle se mit à écrire. Elle écrivit rapidement et fut surprise, en levant les yeux sur le cadran, de voir qu’il était dix heures moins dix minutes.

« Encore dix minutes avant l’arrivée de Madame Dumond » se dit-elle, « peut-être aurai-je le temps de terminer ce chapitre avant dix heures. »

Claire se remit à écrire. Elle termina le chapitre en question et, encore une fois, leva les yeux sur le cadran. Sa surprise fut grande de constater qu’il était dix heures et dix minutes :

« Madame Dumond dort tard ce matin, » pensa-t-elle.