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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/24

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la gardienne du phare

— « Chère Madame, » reprit Claire, « combien je regrette ce qui s’est passé aujourd’hui !… N’est-ce pas que vous me pardonnez ? »

Tout en disant ce qui précède, la jeune fille arrangeait les oreillers du lit et les couvertures, qui s’étaient dérangés. Alors, Madame Dumond fit une chose qu’elle n’avait jamais faite auparavant : elle entoura, de ses bras, le cou de Claire et lui donna un baiser. Les yeux de la jeune fille se remplirent de larmes :

« Vous avez toujours été si bonne pour moi, » murmura-t-elle, « chère Madame, combien je vous aime !! »

Déposant un baiser sur le front de Madame Dumond, Claire regagna sa chambre. Elle reprit son livre et en lut quelques pages, mais bientôt, elle arriva sur deux feuillets qui n’avaient pas été coupés.

«  Tiens, j’ai oublié mon coupe-papier dans la chambre de Madame Dumond ; mais je n’irai pas le chercher de crainte de réveiller. Je vais me coucher. »

En ce moment, elle crut entendre un bruit léger dans la chambre voisine. Elle prêta l’oreille, elle sortit même sur le palier ; mais le bruit ne se renouvela pas. Rassurée, Claire se coucha. Sa dernière pensée fut pour Madame Dumond :

« Comme elle est bonne !… Je ne m’impatienterai plus jamais maintenant… C’est une femme nerveuse, voilà tout ; au fond, c’est un cœur d’or… Chère Madame Dumond ! »

CHAPITRE VII

La tragédie

À sept heures, le lendemain matin, Claire fut éveillée en sursaut par un grand coup de tonnerre. Elle se leva et entr’ouvrit les rideaux de sa fenêtre. Il faisait un terrible orage : les éclairs zébraient le firmament, le tonnerre roulait avec fracas et la pluie, poussée avec force par le vent, fouettait les vitres de la fenêtre, ployant les saules sur son passage.