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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/29

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la gardienne du phare

mance », puis, la femme de l’aubergiste vint au-devant de la nouvelle venue. Hermance n’était guère encombrante et plus d’un hôtelier lui aurait bien offert souper et gîte gratis ; mais la vieille colporteuse n’acceptait jamais la charité : elle payait en bon argent ce qu’on lui procurait. Quand l’argent manquait, elle réglait son compte avec les articles contenus dans son panier.

Ayant apaisé sa première faim, Hermance se mit à examiner ceux qui étaient attablés dans la salle publique de l’auberge. À une petite table, trois hommes causaient en dégustant une consommation. Tout près d’elle, un vieillard était assis, seul et fumait sa pipe. Ce vieillard intéressa Hermance pour un moment ; il avait l’air si sinistre.

Mais bientôt, un nom prononcé par un des individus attablés, surprit tellement la vieille colporteuse, qu’elle laissa tomber sa tasse, qui se brisa en cent morceaux.

« Oui, c’est bien terrible,  » disait cet homme, « cette bonne Madame Dumond n’avait fait que du bien dans sa vie Être si lâchement assassinée !… »

— « Et assassinée par cette jeune fille qu’elle traitait comme sa propre enfant… Oh ! cette Claire d’Ivery !! »

— « C’est assez singulier, » dit le troisième personnage, « mais je trouve un fond de grand mystère dans cette affaire et j’en doute un peu, moi, de la culpabilité de Claire d’Ivery… je ne sais pourquoi… »

Hermance quitta son siège et vint, en tremblant d’émotion, vers les trois hommes, à qui elle demanda :

« De qui parlez-vous donc ? »

— « D’où venez-vous, la mère », répondit l’un des interpellés, « que vous ne sachiez pas de quoi il s’agit : nous discutons le meurtre de Madame Dumond… Ne savez-vous pas qu’elle a été assassinée, dans son lit, par son secrétaire, Claire d’Ivery ?… C’était dans tous les journaux. »

— « Hélas ! » dit Hermance, « je n’ai entendu parler de rien de tout cela et je ne puis lire l’imprimé… Dites-moi tout, tout, je vous prie ! »