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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/35

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la gardienne du phare

— « Adieu, Monsieur », dit la jeune fille, « adieu et merci », ajouta-t-elle, en lui tendant la main.

— « Adieu, Mademoiselle !… Qui sait ? « au revoir » peut-être : le monde est petit et quelquefois la chance favorise les humains !! »

Il était bien attrayant, le nouveau Commandant avec sa haute taille de presque six pieds, son visage pâle, ses grands yeux bruns, doux et rêveurs, ses cheveux châtains ; tout cela, accompagnant un air de grande distinction.

Il partit… et Claire ne l’avait jamais revu… Mais elle savait son nom, car, après son départ, elle avait trouvé par terre, sa badine, ornée d’une plaque en argent, sur laquelle était gravé : « Hervé d’Arles. »

CHAPITRE XII

Le paquebot

Il était quatre heures du matin lorsque Claire arriva à N. Elle portait maintenant, au lieu du capuchon, le béret bleu. En passant près d’un ruisseau bien clair, la jeune fille ne put résister au désir de s’y mirer : elle faisait le plus gentil matelot imaginable ! Ses cheveux, coupés courts, lui seyaient bien, car ils frisaient naturellement. Elle avait l’air d’un gentil petit mousse de seize ans au plus.

Claire se mit à examiner le port. Elle aperçut des hommes occupés à charger un bâtiment de divers colis. Elle vint à eux :

« Pensez-vous que je pourrais trouver à m’engager à bord ? » demanda-t-elle, enfonçant ses mains dans ses poches et prenant un petit air crâne.

— « Sais pas », répondit l’homme. « Faudrait t’adresser au capitaine, mon gars. »

— « Quand part ce bâtiment ? »

— « Demain soir », lui fut-il répondu.

Demain soir ! Non, ça ne faisait pas l’affaire de Claire : il lui faudrait trouver à s’engager à bord d’un bateau partant