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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/38

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la gardienne du phare

— « Et vous pensez réellement que vous trouverez quelqu’un qui soit prêt à aller se faire enterrer… je devrais dire enneiger, avec vous ? »

— « Je l’espère », répondit le vieillard, « La vie y sera dure un peu, peut-être ; mais on y a son pain assuré et l’on s’y sent en sûreté si complète ! »

— « En sûreté, au milieu des ours polaires ! » C’est Claire qui fit cette exclamation.

— « Oui, mon garçon, en sûreté, malgré les ours polaires. Le bateau de ravitaillement ne revient qu’au bout de trois ans… On y vit seul, sans craindre… les hommes. »

— « C’est gai ! » s’écria un garçonnet, en riant « Et, quel salaire donnerez-vous à votre compagnon ? »

— « Aucun. Celui qui m’accompagnera au « phare des glaces » devra se résigner à être compagnon non payé. Il demeurera avec moi dans ces régions perdues et devra être satisfait de cela. »

— « Délicieuse perspective ! » dit un jeune homme. Et tous se mirent à rire.

Vers les neuf heures du soir, comme Claire se promenait sur le pont du paquebot, à peu près désert, une main se posa sur son épaule. Claire se retourna et elle aperçut le vieillard taciturne auprès d’elle. Malgré elle, elle frissonna.

« Mon gars », dit le vieillard, « que penserais-tu de l’idée de m’accompagner au « phare des glaces », hein ? »

— » Oh ! non, Monsieur  », répondit Claire, « la perspective ne me tente pas ».

— « Pourtant, mon garçon, ce n’est pas à dédaigner cette position, crois-le. »

Claire se contenta de hausser les épaules.

— À quel hôtel descendras-tu ? J’irai te voir demain matin, à neuf heures. D’ici là tu auras réfléchi sur les avantages qu’offre la position. À demain. »

Le lendemain matin, Claire se leva de bonne heure et elle sortit dans la ville de B. En passant près d’un dépôt, elle s’acheta un journal et revint à son hôtel. Vite, elle chercha la colonne des annonces et trouva immédiatement celle