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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/37

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la gardienne du phare

Le capitaine emmena Claire dans sa cabine et inscrivit son nom sur le livre du bord. Ici, le nouveau mousse faillit se compromettre à jamais.

— « Ton nom ? » demanda le capitaine, en prenant sa plume.

— « Claire », répondit la jeune fille.

Aussitôt, son sang se glaça dans ses veines… Mais la voix du capitaine se faisait entendre de nouveau :

— « Prénom ? » demandait-il.

— « Jean », répondit Claire, à tout hasard.

Puis elle jeta un coup d’œil sur le registre : elle y était inscrite : « Jean Clerc, garçon de seconde ».

CHAPITRE XIII

Le passager taciturne

Jean Clerc s’aperçut bientôt que ce n’était pas une sinécure en effet qu’on lui avait donnée ; mais il ne se plaignait pas. Au contraire, son visage souriant en fit bientôt un favori parmi les passagers de seconde.

Un de ces passagers intriguait Claire ; il était si taciturne. Il ne parlait à personne et personne ne semblait s’occuper de lui. C’était un vieillard à la longue barbe blanche. Il avait l’air bien vénérable, mais, sans s’en rendre compte, Jean Clerc frissonnait quand les yeux du vieillard se posaient sur lui.

Le dernier jour de la traversée, Claire fut fort surprise d’apercevoir le vieillard, entouré d’une dizaine de jeunes gens, et tenant le dé de la conversation. Claire s’approcha, mue par la curiosité.

« Ce phare vient d’être construit et j’en ai été nommé le gardien  », disait-il, « et je cherche un jeune compagnon. »

— « Où est-il, ce phare ? » demanda quelqu’un.

— Il est situé au-delà du 65ème parallèle nord, sur un petit îlot faisant partie des îles Charlotte ; il se nomme le « Phare des glaces ».