Aller au contenu

Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
la gardienne du phare

doublement cher. Claire détacha l’amarre et appela Tribord. Le chien sauta à bord, la jeune fille saisit les rames, légères mais fortes, et bientôt elle voguait sur l’océan bleu… C’est en chaloupe qu’elle fit le tour de l’îlot, puis elle revint dans la baie, amarra solidement l’embarcation et remonta au phare.

« J’ai trouvé une chaloupe dans une petite baie, » dit Claire au vieillard. « Quand vous aimerez à vous promener… »

— « Merci, » répondit-il, « mais je n’aime guère les promenades en mer. »

— « Comme vous voudrez ! » dit Claire. Cette inertie du gardien du phare l’irritait un peu.

Le programme de la vie de Claire, durant toute la belle saison, était celui-ci : levée à sept heures, elle éteignait la lanterne, puis descendait préparer le déjeuner. Le vieillard nous l’avons dit déjà — ne s’occupait que d’entretenir le feu, mais il accomplissait bien sa tâche. Après le déjeuner, elle faisait le ménage de sa chambre, de son cabinet de travail, puis de la salle commune, après quoi elle s’occupait à quelqu’ouvrage de couture jusqu’à l’heure de dîner. Après le dîner, si le temps était favorable, elle sortait avec Tribord et passait presque tout l’après-midi dehors ; aussi, sa santé était-elle florissante. Ensuite venait l’heure du souper, après lequel la jeune fille montait à son cabinet de travail ; elle lisait ou classifiait ses livres, ou écrivait jusqu’à six heures, heure à laquelle elle se couchait.

Et ainsi la belle saison s’écoula.

Un jour, le soleil ne se montra que quelques instants : la longue nuit polaire commençait.

CHAPITRE XXII.

Quelques incidents

La vie au-delà du 65ème parallèle nord est vraiment monotone. Nous citons quelques incidents qui marquèrent le commencement de l’hiver.