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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/64

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la gardienne du phare

Mais Ziliiniah ne se bornait pas à prendre des leçons de français, croyez-le ; elle se rendait utile. Dès le premier jour de sa descente dans la salle commune, elle s’était montrée pleine d’attention pour Claire et bientôt, ce fut Zilumah qui faisait le ménage, lavait la vaisselle, faisait la lessive, et entretenait les poêles. Claire se trouvant ainsi déchargée de ces besognes qui ne lui avaient jamais plu.

Claire avait voulu protester, mais Zilumah, en gestes expressifs, lui avait fait comprendre qu’elle entendait faire ces ouvrages elle-même et que la jeune fille, dorénavant, devait se contenter de faire la cuisine.

Et, pendant ce temps, que devenait le gardien du phare ? Il ne quittait pas son lit et bien qu’il ne parut pas empirer, il ne semblait pas prendre de mieux non plus. Les deux femmes le soignaient de leur mieux ; mais il était évident qu’il achevait sa course en ce monde.

Vers la fin de février, son état devint alarmant. Claire et Zilumah ne le quittaient plus la nuit. L’une ou l’autre, à tour de rôle, passait la nuit sur un canapé dans la salle commune. Dans les premiers jours de mars, le malade paraissait bien plus mal ; il passait d’un frisson à un autre, d’un accès de fièvre à un autre et sa toux devint continuelle. Le 6 mars, dans la soirée, le vieillard s’évanouit, puis, dans la nuit, il appela Claire ; la jeune fille accourut au chevet de son lit.

« Je me meurs, Jean Clerc, » murmura le vieillard, « je ne verrai pas l’aurore. »

« Non. non, » s’écria Claire, « ne parlez pas ainsi, je vous en prie !! »

« C’est toi qui seras le véritable gardien du « phare des glaces, » reprit-il. » Je suis content que l’Esquimale soit avec toi, bien content. »

Une sévère quinte de toux interrompit le malade. Claire appela Zilumah, croyant que le vieux gardien allait mourir ; mais bientôt, il reprit :

« Quand j’aurai cessé de vivre, vous mettrez mon corps dans un sac d’emballage et le jetterez à la mer. Ensuite…