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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/63

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la gardienne du phare

dit tous les noms qu’elle put imaginer. L’Esquimale comprit, car elle rit doucement et répondit :

« Zilumah. »

Et c’est ainsi que Zilumah entra dans la vie de Claire, qu’elle ne devait plus quitter.

CHAPITRE XXIV

Zilumah.

Dire que Claire était heureuse d’avoir une compagne, ce serait mal exprimer ce qu’elle ressentait. Ce n’était pas seulement du bonheur, c’était du soulagement. Elle ne serait plus seule avec ce vieillard qui ne lui adressait pas une parole par semaine.

Cependant, il y avait une ombre au tableau : elle ne pouvait converser avec sa nouvelle compagne. Claire ne parlait pas l’esquimau. Zilumah ne parlait pas le français.

Claire s’occupa donc à donner quelques leçons à Zilumah ; elle nommait les objets et l’Esquimale répétait après elle, puis, quand elle comprit ce que voulait dire poêle, chaise, table, vaisselle, charbon, etc., etc., la jeune institutrice lui apprit à lier les mots ensemble pour former des phrases. Ce fut long et difficile mais Zilumah était très intelligente et sa mémoire semblait prodigieuse. Au bout d’un certain temps, l’Esquimale put dire à peu près tout ce qu’elle voulait, en français. Elle n’aurait pu soutenir une conversation ; mais elle se faisait bien comprendre et surtout, elle comprenait parfaitement tout ce que Claire lui disait. Encouragée, celle-ci lui apprit ses lettres, lui montra à lire et ensuite à écrire.

Tout cela occupa la plus grande partie de l’hiver. Il avait fallu à Claire une grande patience, sans doute ; mais lorsqu’à la fin de février, elle put s’entretenir avec Zilumah comme avec une personne de sa propre race, elle ne regretta pas les heures accordées à sa tâche.