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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/84

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la gardienne du phare

raient, sur ce qu’il restait du phare… et, elle et Claire seraient écrasées sous leur poids. Mais pourquoi faire partager ses tristes appréhensions à sa compagne ?

Le lendemain après-midi, les jeunes filles étaient installées, chacune dans sa chaise berçante, quand Claire dit :

« Quand je pense à la bibliothèque d’Hervé, ensevelie sous les glaces !… Si nous avions un livre à lire, le temps passerait plus vite et nous parviendrions peut-être à oublier notre situation presque désespérée. »

Sans dire un mot, Zilumah se leva puis elle revint et jeta aux pieds de Claire un paquet assez lourd. L’Esquimale défit ce paquet et Claire eut une exclamation de surprise et de joie :

« Des livres !! »

— « Oui Claire. Vous vous rappelez que nous avions descendu une vingtaine de volumes dans la salle commune quelques jours avant la débâcle ?… J*ai trouvé le moyen d’enlever ces livres dans le tapis qui recouvrait la table de la salle et les voici… Voici aussi le journal du phare ; vous allez pouvoir continuer à le tenir… Et voyez ces tablettes et ces crayons : tout cela était sur la table ; j’ai tout emporté. »

Claire pleurait de joie… Oui, la vie serait possible en fin de compte, dans leur nouvelle demeure !

Mais Zilumah songeait à l’avenir, si rapproché, hélas, et elle en frissonnait de terreur.

CHAPITRE XXXI

La fonte des glaces.

Claire avait repris le journal du phare et, avec les livres que Zilumah avait trouvé moyen de sauver de la catastrophe, la situation lui semblait moins désespérée. Elle parlait souvent de la prochaine fonte des glaces qui, lui semblait-il, allait leur rendre la liberté, tandis que Zilumah sentait son cœur se serrer sous l’étreinte de noirs pressentiments.