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NÉMOVILLE.

Jeanne commença son quart la première ; elle insista pour que sa compagne allât prendre un peu de repos, et Gaétane brisée d’émotion et de fatigue, finit par s’endormir. Sommeil bienfaisant qui lui apporta un peu d’oubli et un regain de force.

Cette journée fut d’une terrible longueur pour les pauvres femmes ; interrogeant la mer de leurs yeux anxieux, elles ne virent rien paraître sur les flots, qui pût seulement leur donner une illusion de salut.

Jeanne, qui avait repris le quart à la nuit, s’aperçut que le ciel se noircissait et que les vagues devenaient plus méchantes ; elle comprit qu’une tempête se préparait. Elle en fut atterrée, car cela augmentait grandement le danger déjà trop évident qu’elles couraient. Le bateau roulait et tanguait, comme une épave. Il était l’heure de réveiller Gaétane pour qu’elle prît son poste de sentinelle, mais Jeanne hésitait à la tirer du sommeil bienfaisant. Elle attendit encore une heure, la tempête augmentant toujours. Enfin Gaétane s’éveilla d’elle-même, au bruit du tonnerre et des vagues, qui ronflaient sourdement en secouant le sous-marin. Elle vint rejoindre son amie, lui reprochant doucement de l’avoir laissée trop longtemps dor-