Aller au contenu

Page:Lacerte - Némoville, 1917.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
NÉMOVILLE

CHAPITRE II.


UN NAUFRAGE.


Deux ans avant les événements racontés dans le précédent chapitre, un petit paquebot luttait contre les flots de l’Océan Pacifique. Cette mer ne justifie pas toujours son nom, et, en ce jour du quatre juin 1873, elle présentait un aspect effrayant. Le paquebot luttait, et luttait bravement, mais le vent soufflait de l’ouest, causant un épouvantable roulis. Des paquets de mer embarquaient, ce qui contraignait ceux qui n’étaient pas au service du bord de se réfugier dans leurs cabines ou dans le salon. On pouvait voir à l’arrière du bateau, son nom, écrit en larges lettres noires, sur le bois peinturé en blanc : « Queen of the Waves », il appartenait à une compagnie de San-Francisco.

Les passagers, peu nombreux, une cinquantaine en tout, étaient des émigrés, mais non des émigrés de basse origine, sans instruction, sans éducation. Il y avait parmi eux quelques avocats, deux médecins, des ingénieurs, des mécaniciens. La fortune ne leur avait pas souri chez eux, ils cherchaient un pays plus favorable ; voilà tout.