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NÉMOVILLE.

Le paquebot continuait toujours son affreux roulis. Tout à coup, une énorme masse d’eau de mer envahit le pont du « Queen of the Waves », éteignant les feux, et causant de légères explosions.

Une panique était à craindre, car le paquebot, dont le gouvernail fonctionnait à peine, dans cette tourmente, ne parvenait pas à se maintenir. Le « Queen of the Waves » n’était plus qu’une épave, ballottée de tribord à bâbord. Les passagers se sentaient perdus.

Et pas une terre en vue !… En vain les lunettes marines fouillaient-elles l’horizon : on ne voyait rien, rien. Situation terrible ! Les lamentations des femmes, leurs cris désespérés se mêlaient aux bruits de la tempête, tout espoir de salut semblait perdu.

Mais, vers les trois heures de l’après-midi, l’homme de quart cria d’une voix retentissante : « Terre !… Terre !… À tribord, devant. » Le pont du « Queen of the Waves » se couvrit de passagers à l’instant, et à une distance de cinq milles, à peu près, ils purent voir se dessiner une sorte de promontoire. Était-ce la terre ferme ?… Était-ce seulement une île ?… Mais qu’importe : continent ou île, ce morceau de terre, c’était le salut, si on pouvait l’atteindre.