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NÉMOVILLE

ans. Il me fit promettre de l’élever selon sa fortune, qui était considérable, et me remit un portefeuille bien rempli. Je promis tout ce qu’il voulut, puis, lorsqu’il se fut éloigné après avoir pressé sa fille dans ses bras, je comptai les valeurs, sans m’occuper de l’enfant qui pleurait en appelant son père… Il faut que je me hâte, soupira le moribond, car je sens que je m’en vais vite… Je constatai donc que le portefeuille contenait pour près d’un demi-million. Et moi qui venais de perdre toute ma petite fortune dans des spéculations malheureuses… la tentation était trop forte… je succombai. Personne n’avait vu entrer cette enfant chez moi, je décidai de la faire disparaître, avant que personne ne soupçonnât son existence dans ma maison… Et sa fortune serait à ma fille…

Je dis donc à la petite que j’allais la ramener à son père et je m’acheminai vers les quais, où elle me suivit sans résistance. Un bateau était en partance. Je remis l’enfant au capitaine de ce bateau — homme au regard fuyant — et je lui remis en même temps la somme de cinq cents dollars. Le soir même le bateau partit, et l’enfant de mon ami appartenait désormais au capitaine Laurent.

Tout me réussit, pendant plusieurs années, mais il y a deux ans, je reçus une lettre de mon