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chassa les Allemands de la ville, et s’occupa aussitôt de faire construire des machines pour faire assiéger les forteresses où ils s’étaient retirés.

À la suite de toutes ces tribulations, Pascal tomba sérieusement malade ; et comprenant que sa fin approchait, il réunit les cardinaux et les évêques au palais de Latran, et les exhorta à se défier de la faction de l’empereur dans la nouvelle élection d’un pape. Il mourut dans la même nuit, le 18 janvier 1118.

Son corps, embaumé et revêtu des ornements pontificaux, fut porté, selon le cérémonial usité, par les cardinaux à Saint-Jean de Latran, et déposé dans un sépulcre de marbre admirablement travaillé.

Pascal était d’un caractère perfide, vindicatif et implacable ; son avarice était extrême, et sans aucun doute il eût vendu à Henri le droit des investitures, s’il n’eût su que ce prince n’avait pas assez de richesses pour le payer.

On rapporte aux dernières années de ce règne la conversion miraculeuse de saint Norbert. C’était, dit la chronique, un jeune seigneur du pays de Clèves qui vivait en grand honneur à la cour de Henri, où il était considéré non-seulement à cause de sa noblesse et de ses grands biens, mais encore à cause de l’élégance de ses manières, de sa bonne mine, de son esprit et de sa politesse. Toujours occupé du soin de plaire aux dames, il avait négligé de s’occuper des devoirs de religion ; et si parfois au milieu de ses plaisirs il songeait à la vie future, c’était pour appeler les croyances religieuses des rêves insensés et des fables ridicules. Mais un jour, comme il traversait une prairie, par un ciel sans nuage, son cheval s’arrêta tout à coup, et il lui fut impossible de le faire avancer ; alors il entra dans une affreuse colère et blasphéma le nom de Dieu. A peine avait-il prononcé ces horribles paroles, que la foudre tomba avec un bruit effroyable à ses pieds, et ouvrit devant lui un abîme qui exhalait une odeur de soufre. Norbert fut désarçonné et resta comme mort pendant quelques heures ; enfin il revint à lui-même, et il lui sembla qu’il sortait d’un profond sommeil. Il entendait en lui-même comme une voix qui l’appelait  : « Que voulez-vous que je fasse, Seigneur ? » lui répondit-il mentalement. « Quitte le mal et fais le bien, » reprit la voix. Il se leva aussitôt, et n’apercevant rien autour de lui, ni l’abîme ni le coursier qui l’avait porté jusque dans la prairie, il se rendit à l’instant auprès de l’archevêque de Cologne, le priant de l’ordonner prêtre. Le prélat, persuadé qu’une conversion aussi extraordinaire ne pouvait provenir que de l’inspiration divine, se crut autorisé, dans une circonstance aussi solennelle, à violer les canons qui défendaient de conférer plusieurs grades dans le même jour, et il l’ordonna prêtre immédiatement. Norbert, depuis ce moment, devint un chrétien aussi fervent qu’il s’était montré débauché ; il se retira au chapitre d’Aix-la-Chapelle, où il mena une vie exemplaire jusqu’à sa mort.


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