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Page:Lachaud - Histoire d'un manifeste, 1883.djvu/55

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tristesse profonde. Notre France, naguère si grande, n’a plus aujourd’hui ni amis ni prestige. Elle ne rencontre chez les plus bienveillants qu’une indifférence plus pénible que l’hostilité, et cependant une France forte a sa place nécessaire dans le monde.

Nous ne retrouverons notre position vis-à-vis de l’étranger que par notre relèvement intérieur.

Cette situation provient de l’abandon du principe de la souveraineté nationale. Tant que le peuple n’aura pas parlé, la France ne se relèvera pas.

Héritier de Napoléon Ier et de Napoléon III, je suis le seul homme vivant dont le nom ait réuni sept millions trois cent mille suffrages.

Depuis la mort du fils de l’Empereur, j’ai gardé le silence sur l’ensemble de la politique. Ne voulant pas troubler l’expérience qui se poursuivait, j’ai attendu attristé que la parole me fût donnée par les événements. Mon silence n’était que la patriotique expression de mon respect pour le pays.

Ma conduite, mes opinions, mes sentiments ont été systématiquement calomniés. Impassible, je n’ai répondu que par le mépris à ceux qui ont été jusqu’à chercher à exciter les fils contre le père. Efforts odieux et stériles. J’ai dû imposer silence à de jeunes cœurs révoltés par ces incitations. J’ai voulu être seul en face de mes adversaires. Mes fils sont encore étrangers à la politique. L’ordre naturel les désigne après moi, et ils resteront fidèles à la vraie tradition napoléonienne.

On a parlé d’abdication, cela ne sera pas. Lorsqu’on a plus de devoirs que de droits, une abdication est une désertion.