Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHAPITRE II
DE LA FEMME NATURELLE
La femme naturelle est, ainsi que l’homme, un être libre et puissant ; libre, en ce qu’il a l’entier exercice de ses facultés ; puissant, en ce que ses facultés égalent ses besoins. Un tel être est-il heureux ? Oui, sans doute, et si, dans nos idées, son bonheur nous paroit un paradoxe, un examen plus réfléchi en fait bientôt reconnoitre la vérité[1]. Les hommes ont voulû tout perfectionner, et ils ont tout corrompû ; ils se sont chargés de chaînes, puis ils se sont plaints d’être accablés sous leurs poids ; insensés et injustes, ils ont abandonné la nature qui les rendoit heureux, puis, ils l’ont calomniée, en l’accusant des maux que cet abandon leur causoit, qu’eux-mêmes s’étoient faits.
- ↑ Il ne faut pas prendre les recherches dans lesquelles on
peut entrer sur ce sujet pour des vérités historiques, mais seulement pour des raisonnements hypothétiques et conditionels
plus propres à éclaircir la nature des choses qu’à montrer la véritable origine. Rousseau, De l’inég. parmi les hommes, p. 173, petit in-12.
Note de Ch. de L.