plus sensibles, qu’on remontera plus haut. Il est
vrai que le roman, participant beaucoup du tudesque,
se servoit des tours & de la syntaxe de
cette langue, en adoptant les expressions latines.
Les cas furent déterminés par des articles & des
particules, & non pas par des désinences différentes
& comme dans le grec & dans le latin : les
verbes ne furent conjugués que par le moyen des
auxiliaires avoir & être, qui sont aujourd’hui
dans toutes les langues de l’Europe, au lieu que
les Latins n’avoient que dans les passifs le verbe
auxiliaire substantif. On peut donc assurer que le
roman avoir déjà autant de rapport avec le françois
auquel il a donné naissance, qu’avec le latin
dont il sortoit ; puisqu’une langue est aussi distinguée
d’une autre par la syntaxe, que par son vocabulaire.
Après le serment de Louis-le-Germanique, les loix des Normands, par Guillaume le Bâtard ou le Conquérant, mort en 1087, sont un des plus anciens monuments de la langue. Il paroît, par le titre de ces loix, que Guillaume ne fit que rédiger en un code & mettre en ordre celles que son prédécesseur Edouard III avoit publiées avant lui.
On y voit que les mots latins dominent beaucoup, & qu’ils y sont à peine déguisés. Quoique