Page:Lacombe - La terre paternelle, 1871.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
LA TERRE PATERNELLE

comme un simple cultivateur. Pendant les quelques années qu’il avait été rentier, il avait joui d’une grande considération parmi ses semblables, qui, n’envisageant d’ordinaire que les dehors attrayants de cet état, l’avaient bien souvent regardé avec des yeux d’envie ; il lui fallait maintenant descendre de cette position pour se remettre au même niveau que ses voisins. Sa condition de cultivateur, dont il s’enorgueillissait autrefois, lui paraissait maintenant trop humble, et avait même quelque chose d’humiliant à ses yeux ; poussé par un fol orgueil, il résolut d’en sortir.

Il avait remarqué que quelques-unes de ses connaissances avaient abandonné l’agriculture pour se lancer dans les affaires commerciales ; il avait vu leurs entreprises couronnées de succès ; toute son ambition était de pouvoir monter jusqu’à l’heureux marchand de campagne, qu’il voyait honoré, respecté, marchant l’égal du curé, du médecin, du notaire, et constituant à eux quatre la haute aristocratie du village.

En vain lui représentait-on que, n’ayant pas l’instruction suffisante, il lui serait impossi-