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LA TERRE PATERNELLE

ble de suivre les détails de son commerce de manière à pouvoir s’en rendre compte ; à cela il répondait que sa fille Marguerite était instruite et qu’elle tiendrait l’état de ses affaires. Sourd à tous les conseils, et entraîné par la perspective de faire promptement fortune, il se décida donc à risquer les profits toujours certains de l’agriculture contre les chances incertaines du commerce. Le lieu qu’il habitait n’étant point propre pour le genre de spéculations qu’il avait en vue, il loua sa terre pour un modique loyer, et alla s’établir avec sa famille dans un village assez florissant, dans le nord du district de Montréal ; il y acheta un emplacement avantageusement situé, y bâtit une grande et spacieuse maison, et vint faire ses achats de marchandises à la ville. Le commerce prospéra d’abord, plus peut-être qu’il n’avait espéré. On accourait de tous côtés chez lui. Pour se donner de la vogue il affectait une grande facilité avec tout le monde, accordait de longs crédits, surtout aux débiteurs des autres marchands des environs, qui, trouvant leurs comptes assez élevés chez leurs anciens créanciers, venaient faire à Chauvin l’honneur