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LA TERRE PATERNELLE

rapides Sainte-Anne. Là, suivant l’antique et pieux usage, tous les voyageurs se rendirent à la petite chapelle blanche élevée sur les bords du rapide, sous l’invocation de Sainte Anne. Ils venaient remercier leur patronne de les avoir préservés des dangers inséparables d’un si long voyage. En partant, ces mêmes hommes étaient venus s’y mettre sous sa protection : il était juste qu’ils vinssent s’y agenouiller au retour[1].

Enfin, quelques heures après, les canots touchaient au port désiré depuis longtemps. Ils étaient à Lachine, rendez-vous général de toutes les embarcations qui partent pour les pays hauts ou qui en reviennent. Tous nos voyageurs, joyeux de se retrouver sains et saufs au même endroit qu’ils avaient quitté depuis longtemps, se félicitèrent mutuellement, et s’empressèrent d’accepter l’offre que leur fit l’agent de la compagnie de se reposer de leurs fatigues avant de se rendre au sein de leurs familles. Un seul d’entre eux ne se rendit point à cette

  1. Le rapide Sainte-Anne, autrefois si pittoresque, chanté par le poëte anglais Moore, a perdu son ancienne beauté. L’écluse et la longue chaussée que le bureau des travaux publics y a fait dernièrement construire l’ont arrêté dans sa course. L’art a défiguré l’ouvrage de la nature. — (Note de l’auteur.)