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communié, ses vassaux et ses sujets déliés de leur serment d’obéissance, sa personne et ses terres mises au ban de la chrétienté. Il prévoyait néanmoins le cas où le comte se repentirait de ses crimes, et lui laissait une porte ouverte pour rentrer en paix avec l’Église. Cette lettre est du 10 mars 1208. Le souverain pontife écrivit dans des termes semblables aux archevêques et évêques des mêmes provinces, à l’archevêque de Lyon, à celui de Tours, et au roi de France[1]. Il adjoignit à l’abbé de Cîteaux, le seul de ses légats qui eût survécu, Navarre, évêque de Conserans, et Hugues, évêque de Riez, et chargea particulièrement l’abbé de Cîteaux de prêcher la croisade avec ses religieux. Les préparatifs s’en firent pendant le reste de l’année et le printemps de l’année suivante.

Cependant, effrayé de tout ce qui se passait, et sachant que les évêques de la province de Narbonne avaient député vers le pape leurs collègues de Toulouse et de Conserans pour l’informer en détail des maux de leurs Églises, le comte Raymond envoya de son côté à Rome l’archevêque d’Auch et l’ancien évêque de Toulouse Rabenstens. Ils devaient se plaindre amèrement de l’abbé de Cîteaux, et dire au souverain pontife que leur maître était prêt à se soumettre et à donner au saint-siége toute satisfaction, si on lui accordait de plus équitables légats. Innocent III y consentit et fit partir pour la

  1. Liv. XI, lettres xxvi, xxvii et xxviii.