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France le notaire apostolique Milon, homme d’une prudence consommée, avec la mission spéciale d’entendre et de juger la cause du comte. Milon convoqua à Valence une assemblée d’évêques, où Raymond, s’étant présenté, accepta les conditions de paix qui lui furent proposées. C’étaient celles-ci qu’il chasserait les hérétiques de ses terres, ôterait aux Juifs tout emploi public, réparerait les dommages qu’il avait causés aux monastères et aux églises, rétablirait dans leurs siéges les évêques de Carpentras et de Vaison, veillerait à la sûreté des routes, n’exigerait plus d’impôts contraires aux usages anciens du pays, et purgerait ses domaines des bandes armées qui les infestaient. En gage de sa sincérité, Raymond mit entre les mains du légat le comté de Melgueil et sept villes de Provence qui lui appartenaient, sous la condition d’en perdre la souveraineté s’il manquait à sa parole. On convint que sa réconciliation solennelle avec l’Église aurait lieu à Saint-Gilles, selon les formes usitées dans ces temps-là. Si le comte de Toulouse avait été de bonne foi, la pénitence publique à laquelle il se soumettait, loin de l’abaisser devant ses contemporains et devant la postérité, eût été pour lui un titre au respect de tous les chrétiens. Théodose ne perdit rien de sa gloire pour s’être laissé arrêter par saint Ambroise aux portes de la cathédrale de Milan ; le crime seul déshonore ; l’expiation volontaire, dans un souverain surtout, est un hommage rendu à Dieu et à l’humanité, qui relève celui qui