Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/32

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— XXVII —

la lave d’un volcan, à laquelle rien ne savait résister, tantôt avec des frémissements qui ressentaient l’acier et faisaient tout vibrer dans les âmes, tantôt comme un souffle vivant qui en visitait les replis, tantôt comme une puissance inconnue qui ne s’abaissait vers elles que pour les mieux ravir, dans des régions inconnues où l’on entrevoyait Dieu ! Le regard de l’Orateur était au milieu de sa pensée comme un flambeau étincelant; et le geste, après avoir achevé la parole, la redisait encore, quand le son matériel déjà s’était évanoui. Parfois l’âme de l’auditeur entraînait le corps dans son élan, et l’on se dressait sur pied : parfois, pour laisser s’achever un mouvement oratoire, on s’efforçait de tenir la respiration en suspens : parfois l’admiration s’accumulait dans le cœur en flots si pressés, qu’ils s’ouvraient une issue dans des applaudissements passionnés. Après avoir quitté le lieu saint, on restait pendant quelque temps sous le coup de ces émotions ineffables; et pour les définir un homme du monde, tout hors de lui, inventait ces singulières paroles : « Après Dieu il n’y a que cela !» Aussi le succès fut prodigieux, et peut-être qu’un jour on hésitera à en croire le récit. Tous les âges, tous les rangs, tous les partis, toutes les illustrations semblaient s’être donné