Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/37

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Il y expose avec une franchise sans voiles et une respectueuse audace son projet, ses motifs, les titres au nom desquels l’Ordre de Saint-Dominique peut redemander à la France son droit de cité, et les limites plus que modestes dans les-quelles lui restaurateur et ses compagnons se préparent à en user, ne demandant que la liberté de vivre en pauvres de Jésus-Christ, et de se dévouer à leurs concitoyens. La France répondit à cet appel par le silence du respect et la sympathie. Les choses ainsi préparées, l’abbé Lacordaire pensa que le moment de Dieu était venu. Il partit pour Rome, suivi de deux jeunes gens associés à son dessein; et, à son arrivée, il reçut l’habit de Frère Prêcheur des mains même du Père Général. Devenu simple novice, le conférencier de Notre-Dame fut l’édification de tous par son hu-milité, sa simplicité, sa douceur, son amour pour la pénitence et, au bout d’une année de proba-tion, il prononça ses vœux solennels; enfin il était religieux, et « saint Dominique revoyait la France au banquet de sa famille! » La France! Sa patrie! le nouveau Moine avait hâte, lui aussi, de la revoir et, de lui porter les prémices de son apostolat de Frère Prêcheur. Il en traversa hardiment les provinces avec cet habit religieux, qui partout étonnait les regards sans attirer l’ou-