Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/43

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— XXXVIII —

Jusque-là le Religieux avait résisté à ses sollicitations. Il voyait avec joie l’œuvre des conférences, qu’il avait inaugurée à Paris, solidement continuée par un illustre et saint Jésuite, le Père de Ravignan, et il pensait que sa propre parole, désormais peu utile à Notre-Dame, pouvait en province remuer les âmes et faire germer bien des moissons. Mais l’heure présente était l’heure du danger, et « il sentait de son devoir de repa«  raître au centre de la guerre contre l’Église » Il accepta donc. En vrai religieux, il voulut se montrer avec l’habit de sa profession, qui lui aussi était une liberté, et qui, du reste, dans la chaire était mieux que partout ailleurs à sa place, étant l’habit du Prêcheur. En vain, au milieu des passions soulevées, le roi Louis-Philippe lui-même insista pour que l’archevêque empêchât cette prédication monastique, le prévenant qu’en cas d’émeute le gouvernement ne lui donnerait pas le secours d’un soldat. Tout ce que le Père Lacordaire consentit à accorder, non par intimidation, mais par condescendance aux désirs de l’archevêque, et par pitié pour cet effroi ridicule du gouvernement, ce fut de couvrir quelque peu sa robe blanche du camail de chanoine. A Notre-Dame l’attendait un auditoire aussi nombreux que jamais; et, « dès sa troisième « phrase, il s’était fait dans tous les cœurs émus