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Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/57

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— LII —

l’avenir, attirait son regard sur l’éducation reli-gieuse de la jeunesse. A peine redevenu chrétien, la rougeur lui montait au front et les regrets lui remplissaient le cœur, quand il se demandait ce qu’avait fait de lui, de son âme pieuse, des douces et fraîches années de son enfance, cette éducation de collège imposée à toute la jeunesse française par le monopole de l’Université. Le grand résultat avait été sa foi détruite, ses mœurs en péril, sa vie de dix-huit ans jetée sans guide et sans frein à tous les orages de la liberté et des passions ! Le nouveau converti en avait facilement conclu qu’il fallait à tout prix, à côté des maîtres de l’Université, susciter d’autres maîtres, aussi amis des lettres humaines, mais plus attachés aux croyances de l’Église, et plus capables de donner à leurs élèves la science de Dieu, du salut et de l’éternité. Les prêtres et les religieux, détachés de la famille et de ses absorbantes préoccupations, lui sem-blaient plus que tous les autres en mesure de remplir entièrement cette mission, d’un dévouement ingrat, obscur et de toutes les heures. Une fois saisi de ces pensées, le jeune prêtre ne les avait plus jamais perdues de vue. Il attendait seulement l’heure de Dieu. Enfin elle venait de sonner. La loi du 15 mars 1850, brisant le joug in-juste du monopole universitaire, avait donné à