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intelligences supérieures qui dominent les autres. Voilà l’état de l’humanité, état d’oppression qui accuse une dégradation irrémédiable ou la nécessité d’un enseignement divin qui protège l’enfance, le peuple, le vulgaire des gens éclairés, et ceux-là mêmes qu’une intelligence plus forte livre à la domination privée de leur orgueil, et n’affranchit pas de la domination publique de leur siècle et de leur nation.

Oui, la vérité n’est qu’un nom, l’homme n’est qu’un misérable jouet d’opinions qui se succèdent sans fin, ou bien il doit y avoir sur la terre une autorité divine qui enseigne l’homme, cet être nécessairement enseigné, et nécessairement trompé par l’enseignement de l’homme. Les païens eux-mêmes en avaient senti le besoin ; Platon disait qu’il était nécessaire qu’un maître vînt du ciel pour instruire l’humanité, parlant ainsi d’avance comme saint Paul dans sa Lettre aux Éphésiens : Dieu nous a donné des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs, afin que nous ne soyons pas comme des enfants flottants et emportés à tout vent de doctrine par la malice et l’habileté des hommes qui sèment l’erreur autour de nous[1].

Mais à quel signe reconnaîtra-t-on cette autorité tutélaire ? Comment discernera-t-on la vraie autorité parmi tant de fausses autorités ? A un signe, pour ne parler que d’un seul, à un signe aussi

  1. Chap. IV, vers. 11 et 14.