Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/47

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pas qu’autour de vous la douleur augmente, la mesure se comble, et le monde penche sur d’effroyables abîmes ? O mon Dieu, donnez-nous des saints ! Il y a si longtemps que nous n’en avons vu. Nous en avions tant autrefois ! Faites qu’il en renaisse de leurs cendres : Exoriare aliquis ex ossibus.

L’Église, Messieurs, ainsi armée de la raison et de l’amour, de la plus haute raison et du plus fort amour, que peut-on contre elle ! On ne peut que la laisser libre, la protéger ou la persécuter.

Si on la laisse libre, elle développera tous ses moyens ; elle gagnera d’abord une âme, puis une autre âme ; elle s’étendra jusqu’à ce que les princes de la terre, étonnés, se regardent en disant : Quelle est cette puissance qui remplit tout, nos villes, nos campagnes, nos places publiques, et qui va nous laisser solitaires dans nos palais ? Et les princes choisissent entre ces deux partis : protéger l’Église ou la persécuter.

Si l’Église est protégée, comme au temps de Constantin, c’est une force ajoutée à une autre force ; le manteau impérial étendu sur l’Église ne peut lui faire de honte, et peut lui faire du bien.

Si, au contraire, on la persécute, alors c’est le beau moment ! c’est celui que Dieu permit au temps des martyrs, c’est celui qu’il permet encore quand l’Église est endormie. Savez-vous ce que disait sur son lit de mort le fondateur du dernier grand ordre religieux, saint Ignace, à ses disciples inquiets, qui lui