Page:Lacretelle Silbermann.djvu/102

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lement intérieur et la discrétion, ces principes qu’on m’avait prêches avec tant de fruit dans ma famille.

— Est-ce que tu ne goûtes pas un plaisir particulier, lui disais-je, lorsque tu gardes secret quelque sentiment, lorsque tu caches soigneusement aux autres toutes tes pensées et tous tes désirs ?

Mais le plus souvent il accueillait mes conseils avec un air narquois, comme s’il avait une arrière-pensée railleuse sur cette morale.

Je m’aperçus bientôt que Silbermann était très sensible au délaissement où l’on nous avait réduits tous les deux. L’absence de discussion était pour son esprit un désœuvrement insupportable. Il portait vers ceux qui l’attaquaient naguère des regards presque mélancoliques, comme s’il eût regretté les âpres querelles soutenues contre eux. De mon noté, je me plaisais moins à cet état tranquille qui n’exigeait plus de moi aucun service dan-