Page:Lacretelle Silbermann.djvu/135

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le visage vers lui. Son regard plongeait dans mes yeux.

— Ce sentiment n’est pas normal envers un camarade. D’où provient cet attachement entre vous ?

Il avait dit ces mots avec une netteté qui trahissait une arrière-pensée. Je ne pouvais répondre clairement à sa question. Il m’aurait fallu bien connaître les régions les plus délicates et les plus mystiques de mon âme. J’esquissai un geste d’embarras… Et tout d’un coup, dans ses yeux sombres qui étaient restés fixés sur moi, j’entrevis, comme une salissante ténèbre m’enveloppant, la basse conjecture où il s’égarait.

Le soulèvement de mon être fut tel que, après avoir laissé échapper un cri de révolte, je ne songeai pas à me disculper mais à fuir. Honteux de mon père, je détournai le visage et tentai de défaire son étreinte. Mais, maintenant, mon père serrait les doigts.