Page:Lacretelle Silbermann.djvu/143

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élèves, formant la haie en silence, allaient le voir passer. Silbermann avançait. Son visage était affreusement pâle. J’apercevais entre ses paupières, fixement abaissées, un regard court et aigu, tel une dague perçant sa gaîne. Il se glissait le long du préau, suivi d’un homme en noir à la physionomie sévère et ennuyée. Et cette sorte de cérémonie donnait à ses malheurs comme une confirmation officielle qui les aggravait.

Mais si douloureuse que fût sa situation, il l’acceptait.

— Tout m’est indifférent, me disait-il, pourvu que je reste au lycée.

Hélas ! Il ne se doutait pas que ce serait à cause de celui-là même auquel il se confiait qu’il n’y resterait pas.


Un jour, comme nous venions de sortir du lycée où il avait dû subir quelque pénible avanie — et c’était peut-être aussi un jour que son père était interrogé —