Page:Lacretelle Silbermann.djvu/168

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placer à quelques pas devant moi, sur une petite élévation que formait le terrain et d’où il dominait l’espace environnant. À travers les larmes une expression superbe avait paru sur sa face ; ses lèvres, devenues vermeilles, étaient épanouies. C’était Sion renaissant de ses ruines.

Le ciel, ce jour-là, présentait un aspect qui frappait. D’un côté, le soleil, se rapprochant de l’horizon, couvrait la terre d’une lumière orange et faisait imaginer de chaudes contrées méridionales. Et à l’opposé, plus haut, frileusement cachée en partie dans un azur neigeux, une lune pâle transportait l’esprit sous un climat boréal. Sur ce fond qui contenait l’univers, la silhouette de Silbermann se dressait telle une vision allégorique. L’air tremblait sous ses paroles, était fouetté par ses bras. Il semblait le maître du monde.

— Comprends-tu à présent combien j’ai été outragé ? reprit-il. Et me demandes-tu