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Page:Lacretelle Silbermann.djvu/169

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encore pourquoi je quitte la France sans intention de retour ?… Oh ! je sais, j’aurais pu supporter ces débuts difficiles, m’habituer ou patienter, comme bien d’autres de ma race. Non, ceux-là je vous les laisse. Vois-tu, chaque pays a les Juifs qu’il mérite… ce n’est pas de moi, c’est de Metternich.

« Maintenant, je suis sorti de mes rêves. En Amérique, je vais faire de l’argent. Avec le nom que je porte, j’y étais prédestiné, hein !… David Silbermann, cela fait mieux sur la plaque d’un marchand de diamants que sur la couverture d’un livre ! Je ne me suis guère préparé jusqu’ici à cette profession, mais mon avenir ne m’inquiète pas ; je saurai me débrouiller. Là-bas je me marierai suivant la pure tradition de mes pères. De quelle nationalité seront mes enfants ? Je n’en sais rien et ne m’en soucie pas. Pour nous, ces patries-là ne comptent guère. Où que nous soyons fixés à travers le monde, n’est-ce pas toujours en terre étrangère ?