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Page:Lacretelle Silbermann.djvu/181

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culqués sans les observer eux-mêmes ; je pensais à la voie étroite et difficile que je m’étais toujours évertué à suivre ? Vers quel but ? Et de quelle utilité cette dure servitude ? Quelquefois, dans la rue, par le goût de m’imposer de petits devoirs, je m’appliquais à marcher sur la ligne marquant la bordure du trottoir. N’était-ce pas d’une manière analogue que je me conduisais dans la vie, regardant à peine les choses, l’esprit obsédé par une règle aussi rigoureuse et aussi absurde ?

Je comptais toutes les privations que je m’étais infligées ; je songeais à la réduction que je faisais constamment subir à mon être, lorsque, avec autant de soin et autant de joie que mon grand-père tandis qu’il rognait sa vigne, je retranchais mes sentiments trop vifs et réprimais mes beaux désirs.

Il me parut qu’on avait abusé de ma crédulité d’enfant ; et avec une sourde violence, je me dressai contre ceux dont