Page:Lacretelle Silbermann.djvu/182

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j’avais été la dupe. J’évitai autant que je pus la compagnie de mes parents. Peu à peu, je cessai même de leur adresser la parole.

Je ne sais ce qu’ils pensaient de ma conduite, car j’affectais d’ignorer leur présence et ne levais plus jamais les yeux sur eux. Néanmoins il m’arrivait parfois de les épier obliquement dans un miroir ou dans une surface polie, et j’apercevais alors le regard de ma mère désespérément attaché à ma personne.

Quelque temps passa. Je vivais dans un affreux ennui, n’ayant plus foi en la vertu et n’ayant point le goût du mal.

Un soir, comme je rentrais à la maison, je vis ma mère venue à ma rencontre dans l’antichambre. Elle tenait à la main un journal et me dit avec une émotion joyeuse :

— Ton père est nommé conseiller à la cour. La nouvelle est annoncée officiellement ce soir.