Page:Lacretelle Silbermann.djvu/191

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traits avaient pâli, mais ils avaient entaillé la pierre et étaient encore bien visibles. On reconnaissait, surplombant le cou maigre, le profil anguleux, le nez recourbé, la lèvre pendante. Au-dessous on lisait encore une inscription : Mort aux Juifs.

Le regard de Robin s’était porté en même temps que le mien vers le mur. Il rougit plus fort, hésita un instant, puis, d’une voix humble et caressante, il murmura :

— Veux-tu que nous oubliions tout cela et que nous redevenions amis ?

Oublier ?… Était-ce possible ? À la vue du dessin et de l’inscription, une ardeur comme mystique s’était rallumée en moi. Je pensais à ce que j’avais appelé ma mission, je me remémorais ma promesse initiale, la longue lutte soutenue, mes efforts pour sauver Silbermann ; j’avais le souvenir du frissonnement extraordinaire qui s’emparait de moi lorsque, à ses côtés, honni et frappé autant que lui, je répétais :