Page:Lacretelle Silbermann.djvu/192

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« Je lui sacrifie tout… » Non, ces choses ne pouvaient point s’effacer. La moindre parole de réconciliation me parut un reniement. J’eus l’impression qu’elle ne pourrait sortir de ma gorge ; et raidi, les dents serrées, je demeurai dans un silence farouche.

Mais comme je repassais mentalement par ces épreuves, j’aperçus la voie où j’étais engagé ; voie difficile, abrupte, où l’on gravit sans repos, où l’on se heurte à mille obstacles, où le moindre trébuchement amène une chute. J’eus la vision d’une vie pénible et dangereuse au cours de laquelle on s’écorche davantage chaque jour. Et vers quel but ? Ne savais-je point maintenant que sur les sommets auxquels j’avais rêvé d’atteindre, nul humain ne vivait ?

Philippe Robin, attendant une réponse, ne disait plus rien, mais il m’observait du coin de l’œil. Son visage était gai et serein. Il semblait se tenir sur une route