Page:Lacretelle Silbermann.djvu/42

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mait, qui donc s’en trouvait doué dans mon entourage ?

Il n’avait pas cessé de parler, citant des noms d’écrivains et des titres d’ouvrages.

J’avais un immense respect pour tout ce qui touchait à la littérature. Je plaçais certains écrivains qui avaient éveillé mon admiration au-dessus de l’humanité entière, à l’image des divinités de l’Olympe. Silbermann m’instruisait de bien des faits que j’ignorais, discourant facilement de l’un et de l’autre. Il me révéla finalement que son dieu était le « père Hugo ». Je l’écoutais avec avidité. Cependant, fut-ce cette familiarité, fut-ce l’éclat de sa voix ou la couleur un peu étrange de son teint ? je ne sais, mais j’eus à ce moment la vision d’une scène qui amena un léger recul de ma part. Souvent, à Aiguesbelles, un marchand de fruits, un Espagnol à la peau basanée, passait sur la route et arrêtait sa charrette devant le mas, criant bizarrement sa marchandise et maniant