Page:Lacretelle Silbermann.djvu/48

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Non : nous établissons des fiches, des dossiers ; et comme, vois-tu, à la base d’une fortune juive il y a généralement quelque canaillerie, nous suivrons pas à pas chaque youpin suspect, et au moment propice, vlan ! nous lui casserons les reins.

Il fit de la main un geste coupant. Sous la moustache rousse, très épaisse, mais taillée court, la lèvre supérieure se retroussa et découvrit, aux coins, des canines fortes.

Je n’aimais guère cet homme, qui par les goûts violents qu’il tentait de communiquer à Philippe éloignait de moi mon ami. Mais, ce jour-là, ce fut avec un vrai malaise que j’écoutai ces propos. Il me semblait entendre au loin la plainte de Silbermann : « Je croyais que tu refuserais de me parler… je n’ai pas osé… »

Aussi, comme l’oncle de Philippe poursuivait sur le même sujet et que Philippe, les yeux brillants, lui témoignait la plus vive attention, je me levai bientôt et partis.