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Page:Lacretelle Silbermann.djvu/68

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en se frappant le front — je veux le mettre au service de la littérature.

Puis, baissant le ton :

— Si on savait cela, peut-être me tourmenterait-on moins ?…

Il faisait allusion aux mauvais traitements qu’il subissait au lycée. Je sentis combien il en souffrait. Je cherchai un sujet qui détournât sa pensée et regardai alentour.

Nous étions seuls. La journée, qui était une des dernières de l’automne, était froide et triste. Une lourde nuée couvrait le ciel. L’eau du lac, toute sombre, frissonnait. Les arbres étaient dépouillés ; seule persistait la verdure d’un bouquet de sapins ; et ce feuillage pauvre et opiniâtre, cerné par des bois morts, éveillait l’idée d’une vie misérable et éternelle.

Nous fîmes halte.

— Écoute — me dit Silbermann d’une voix dont le timbre était devenu un peu plus rauque. — Mon père s’est établi en