Page:Lacretelle Silbermann.djvu/67

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ou une phrase magnifique. Alors je me sentais transporté et j’eusse désiré qu’il continuât toujours. Et de même qu’au voyageur qui m’eût décrit les Pyramides, j’eusse impatiemment demandé ensuite : « Et le Nil ? », je demandais, lorsque Silbermann m’avait instruit de tout ce qu’il savait sur un écrivain : « Et Vigny ?… Et Chateaubriand ?… » Alors il repartait, l’esprit aussi vif, aussi sûr, jamais lassé, explorateur dont la mémoire et l’enthousiasme étaient sans défaillance.

Après avoir marché longtemps, au hasard de nos pas, nous arrivâmes au bord d’un petit lac.

— Chateaubriand, Hugo… murmura rêveusement Silbermann, être l’un d’eux ! Posséder leurs dons, jouer leur rôle, voilà ce que je voudrais.

« Ah ! non, reprit-il, je n’ai pas l’intention de vendre des meubles ou des perles. Mon ambition est autre. Toutes mes facultés, tout ce que j’ai ici — dit-il