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Page:Lacretelle Silbermann.djvu/74

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Je décidai de parler à Philippe afin de le détacher des adversaires de Silbermann.

Le jour même, j’allai le trouver. Je lui exposai combien étaient cruels les mauvais traitements infligés à Silbermann. « Je sais qu’il en souffre beaucoup », ajoutai-je. Et j’en appelai au bon cœur de Philippe pour qu’il les fît cesser.

Philippe m’avait écouté attentivement mais avec froideur.

— Moi aussi, repliqua-t-il, j’ai quelque chose à te dire à ce sujet. Il m’est très désagréable de voir un de mes amis se lier avec ce garçon.

— Et pourquoi ? demandai-je.

— Pourquoi ?… Parce qu’il est Juif.

C’était bien la raison énoncée par Silbermann. Philippe avait articulé durement ces quelques mots. On sentait que pour lui l’argument était décisif.

Cependant, cherchant une parole d’adoucissement, j’esquissai un geste d’insouciance.