Page:Lacretelle Silbermann.djvu/75

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— Oh ! je sais… reprit Philippe. Il se peut que pour vous autres cela n’ait pas d’importance.

Ce ton supérieur et cette allusion à ma religion me blessèrent au vif.

— C’est que nous autres, rîpostai-je d’une voix vibrante, nous ne falsifions pas la parole de Dieu.

Philippe haussa légèrement les épaules.

— En tout cas, affirma-t-il, il faut choisir entre lui et moi.

Dans l’instant, je songeai à tout ce que comportait l’amitié de Philippe : un sentiment doux et bien réglé, des joies faciles et approuvées… Devant ces images aimables, je fus près d’abandonner Silbermann. Mais, de l’autre côté, se présentait une tâche ardue ; j’entrevis une destinée pénible ; et exalté par la perspective du sacrifice, je répondis d’un souffle irrésistible :

— Lui.

Nous nous séparâmes.