Page:Lacretelle Silbermann.djvu/89

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caduque. Lui, tranchait par sa constitution normale et sa mine de chef.

D’un chef, il avait également l’âme. Il choisit en classe trois ou quatre garçons, parmi les plus brutaux, les plus épais, les plus serviles, et les excita contre Silbermann. Dans la cour il allait à leur tête vers celui-ci et se tenant à quelques pas, car il feignait de ne pouvoir s’approcher d’un être aussi abject, il se mettait à l’insulter :

— Juif, dis-nous quand tu retourneras à ton ghetto, nous ne voulons plus de toi ici… Juif, pourquoi as-tu les oreilles d’un bouc ?

Silbermann, tout en marquant des mouvements de crainte pareils à ceux d’une bête faible qui se sent traquée, répliquait bravement à chaque mot. Puis, sur un signe de Montclar, on se précipitait sur lui. Il était jeté à terre et roué, de coups. Si je tentais d’aller à son secours, j’étais arrêté et maintenu. De loin j’assistais