Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/115

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image bénite ! continua du même ton Jean de Launoy, qui se divertissait de la frayeur du larron.

— Ah ! madame la sainte Vierge, murmurait le voleur, tremblant de tous ses membres, pardonnez-moi ! Je suis un pauvre homme que le diable a tenté.

— Va-t’en, coquin ! reprit l’enfant, qui riait sous cape. Je t’ordonne de dire cinq cents Pater, et cinq cents Ave, pour faire pénitence de ta mauvaise action.

— Madame la sainte Vierge, demanda le Normand, qui s’était ravisé au moment de partir les mains vides, tenez-vous donc beaucoup à votre image ?

— Comment, scélérat ! Une belle statue d’argent, que m’a dédiée le roi Louis XI, pour me remercier de l’assistance que je lui ai prêtée dans sa maladie !

— Sans doute, l’image est fort belle, repartit le voleur en la caressant de nouveau ; mais, si elle était de bois, ne serait-ce pas pour vous la même chose ?

— Infâme sacrilège, ne touche pas davantage à mon effigie, que profanent tes mains criminelles ! s’écria Jean de Launoy, qui avait deviné le projet de ce mécréant.

— Vous qui êtes si riche, madame la Vierge, dit le Normand en chargeant sur ses épaules la statue qu’il voulait emporter, vous pouvez bien faire ce don à un pauvre diable comme moi ?

— Écoute ! dit l’enfant, que sa présence d’esprit n’abandonna pas : je veux bien t’épargner un péché mortel. Laisse là ma statue, et fais un acte de contrition, pour que le bon Dieu te pardonne ; ensuite, en guise de récompense, je te montrerai un trésor, qui t’empêchera de piller à l’avenir les richesses de l’Église.