Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/116

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— Un trésor ! s’écria le crédule et avide Bas-Normand. Je ferai volontiers un acte de contrition, voire même deux, s’il vous plaît, et quand j’aurai de quoi vivre, par votre grâce, Madame la sainte Vierge, je deviendrai un honnête homme.

— Fais donc ce que je t’ordonne ! dit Jean de Launoy. Il y a, derrière le tombeau du cardinal-évêque Gilles Deschamps, une porte fermée d’un simple verrou : ouvre-la !

— Mais le trésor ? objecta le voleur, qui avait peine à renoncer au butin qu’il voulait emporter, pour un autre qu’il ne tenait pas encore.

— Ouvre cette porte ! répliqua Jean de Launoy avec autorité ; descends vingt marches, et va toujours en avant, à tâtons, jusqu’à ce que je t’avertisse d’arrêter…

— Mais le trésor ? disait à voix basse le voleur, qui avait suivi les instructions de la voix mystérieuse et qui se trouvait déjà dans un souterrain profond. Ô bonne sainte Vierge, je vois là briller quelque chose ! s’écria le malfaiteur, au fond de ce labyrinthe ténébreux où il s’était imprudemment engagé. Est-ce le trésor ?

— Oui, tu peux le prendre.

À ces mots, le bruit d’un corps tombant dans l’eau apprit à Jean de Launoy que sa supercherie avait réussi.