Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/279

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impitoyablement enfermé dans ta machine, j’irai, moi, ta vieille mère, me jeter aux pieds du roi et lui demander justice contre toi, pour le salut de mon enfant !


Le musicien n’avait rien écouté de cette longue et lamentable allocution, mais mademoiselle de Sévigné, qui avait repris connaissance, entendait les plaintes de la grand’mère et se promettait tout bas de prendre la défense de cet enfant qu’il fallait arracher à la cruauté d’un père sans entrailles. La bohémienne, n’obtenant pas de réponse, s’était mise à prier Dieu et lui recommandait la destinée de son petit-fils.


Cependant, depuis plus de trois heures que la marquise de Sévigné avait quitté ses deux enfants en les laissant dans son carrosse sous la garde du cocher et du laquais, elle n’avait pas perdu son temps, et son bon cœur avait eu une sérieuse occasion de montrer ce qu’il était capable de faire.


La marquise, à la descente de voiture, suivit le gentilhomme, qui s’était fait reconnaître en prononçant le mot du guet, que le comte de Bussy-Rabutin avait indiqué d’avance à sa cousine. Ce gentilhomme, dont le costume et la tournure militaire annonçaient qu’il appartenait ou avait appartenu à un régiment de cavalerie légère, que Bussy avait commandé sans doute huit ou dix ans auparavant, en qualité de mestre de camp, ce gentilhomme marchait d’un pas modéré, en se retournant de temps à autre pour s’assurer que madame de Sévigné venait derrière lui. Celle-ci, dont la confiance n’avait pas failli, dans la conviction que son cousin Bussy l’attendait et qu’il avait grand besoin d’elle, n’hésitait pas à suivre jusqu’au