Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/290

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et vous trouverez bon qu’ils s’en souviennent, quand il s’agit pour eux d’examiner les galants costumes qu’on leur a préparés. La représentation est un peu retardée, mais elle aura lieu dans trois jours, au plus tard…


Madame de Sévigné ne répondait pas ; elle était absorbée dans l’attente de ses enfants qui ne venaient pas, et chaque minute lui semblait un siècle. Elle écoutait tous les bruits du dehors, et elle cherchait à reconnaître ceux qui pourraient lui annoncer le retour de son fils et de sa fille. Son cœur battait si fort, que les battements faisaient écho dans ses oreilles, et des larmes roulaient dans ses yeux inquiets.


— Ah ! si le pauvre Bussy eût été là ! reprit le comte de Saint-Aignan, qui essayait de distraire la préoccupation de cette mère désolée : il vous aurait demandé la faveur de se faire le tuteur et le gardien de vos enfants, quoiqu’il soit et ait toujours été le plus inconséquent des hommes…


— Je ne vous disais pas que j’ai vu mon cousin de Bussy ! interrompit madame de Sévigné, qui eut presque un remords d’avoir oublié la promesse qu’elle avait faite à son parent. Je l’ai vu, ce maître écervelé, je l’ai vu dans une triste situation, surtout s’il est innocent de ce dont on l’accuse. Est-il vrai qu’on doive le conduire à la Bastille ?


— Cette nuit même, répondit le comte de Saint-Aignan, à moins que Sa Majesté ne change d’avis et ne daigne donner contre-ordre. Il ne faudrait qu’une bonne parole bien dite, comme vous sauriez la dire, Madame la marquise,