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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/128

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mercredi 24 août. — 1870.

tion de Virgile en fait foi, c’est aussi un bon géographe et il possède une collection précieuse d’atlas et de cartes dont l’étude le repose de ses travaux d’érudition. Son trésor, Benoist y tient et certes il en vaut la peine ; aussi lorsqu’au 15 août l’ordre fut intimé par les Prussiens à tout détenteur de cartes stratégiques et routières d’avoir à les leur livrer immédiatement, Benoist a fait la sourde oreille et n’a rien livré du tout. Dénoncé ou découvert, il aurait eu, pour châtiment, à subir l’occupation d’une demi-compagnie de soldats. Il en a couru le risque et il a bien fait. C’eût été dommage de se priver pour les Prussiens de ces bons instruments de victoire dont ils connaissent tout le prix, et dont ils savent si bien se servir.

— « C’est qu’en effet, dit Benoist, tout officier allemand est plus ou moins géographe. Chacun a sa carte de campagne qu’il sait à l’avance et qu’il consulte sans cesse. Leurs officiers d’état-major sont rompus à la connaissance de tous les lieux où ils opèrent. Aussi il faut voir comme leurs armées sont conduites, comme elles arrivent toujours à temps et là où il faut, tandis que les nôtres hésitent, tâtonnent, s’égarent et ne se rejoignent jamais. C’est la géographie qui leur a donné la victoire, c’est par la géographie que nous prendrons notre revanche.

» D’accord, repris-je, il faut que nos généraux, que tous nos officiers deviennent géographes, topographes et le reste, et qu’ils sachent comme